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l'histoire et les conséquences de cette grève en cliquant sur
une des photos ci-dessus.
III – LA
DÉCENNIE DE LA GRANDE GUERRE 1909 - 1919
Un nouveau conflit éclate en juin 1909, les ouvriers réclamant 60 cent. de l’heure. La Compagnie emploie alors en sous-traitance une drague mise en œuvre par un patron indépendant. L’installation sera attaquée par les grévistes, le personnel molesté et le capitaine de la drague grièvement blessé. Le conflit prendra fin rapidement. En janvier et février 1910, les inondations de la Seine occasionnent d’importants dégâts aux installations et interrompent longuement les activités (photo ci-contre). La direction s’efforce de maintenir les salaires de ses ouvriers permanents en chômage technique. Une nouvelle grève éclate cependant en mars 1911. La direction de la C.S.S. procède alors à un lock-out. Elle recrute quatre-vingts ouvriers parisiens - embauchés par une société nommée ‘‘La Liberté du Travail’’ - qui arrivent chaque matin par le train à la gare de Juvisy et se rendent sur les chantiers escortés par des gendarmes. Les ouvriers locaux qui désirent reprendre le travail doivent aller à Paris se faire embaucher à ‘‘La Liberté du Travail’’. Le calme revenu, la C.S.S. va pouvoir se consacrer au développement de ses activités, en particulier à Draveil. 1 - Les fouilles Laveissière En effet, le domaine du château seigneurial de Draveil (aquarelle ci-contre), situé à un kilomètre du fleuve et dominant la rive, est mis en vente par ses derniers propriétaires, la famille Laveissière, chaudronniers-ferrailleurs d’origine auvergnate qui ont succédé à une longue suite d’occupants plus illustres. Le château et son parc, soit toute la partie située en altitude, sont cédés à une coopérative immobilière : elle y construira la première cité-jardins française, qui recevra le nom de Paris-Jardins . En revanche, la zone de 50 ha en bordure du fleuve est proposée aux entreprises sablières, pour un montant de 900 000 francs. Des sondages sont réalisés à grande profondeur pour évaluer les capacités de production du site. Environ la moitié des terrains présentent de l’intérêt pour exploitation, ce qui va conduire à la constitution d’un paysage lacustre. Il
s’agit d’une affaire de la plus grande importance que les
entreprises déjà présentes sur la commune ne doivent
pas laisser échapper car elle conditionne leur développement
futur, mais aucune d’entre elles ne possède les moyens financiers
permettant de supporter seule un tel investissement. Les trois entreprises
principales décident donc de s’associer pour acheter le terrain
et ensuite l’exploiter, suivant la clé de répartition
suivante: Après de rudes négociations, un accord est conclu en juillet 1910 pour un montant de 800 000 francs et l’acte de vente est signé les 10 juin et 3 août 1912. Ainsi naissent les fouilles Laveissière qui seront exploitées par les trois compagnies entre les deux guerres et jusque vers 1950. Le terrain avait été payé un prix élevé mais la C.S.S. estimait « qu’en raison de la situation des terrains leur revente ultérieure en vue de lotissement ne faisait aucun doute ». C’était compter sans la volonté des communes de préserver des espaces protégés. Les fouilles ne seront ni remblayées, ni loties . . . et deviendront dans les années 1970 la base de plein air et de loisirs du Port-aux-Cerises. En 1913 et 1914, la C.S.S. fait encore l’acquisition de plusieurs terrains à Draveil près de sa sablière en voie d’épuisement, qui deviendra un lieu fréquenté par les pêcheurs et recevra le nom de La Fosse aux Carpes : 6500 m2 à M. Pécoul, propriétaire du château de Villiers ; 8525 m2 rue de Châtillon et rue Dida ; 6485 m2 à M. de Courcel. Sur ces terrains, seront construits plus tard des ateliers qui compléteront ceux de Vigneux et qui prendront le nom ‘‘d’Ateliers de Draveil’’ (photo ci-contre). Ces acquisitions soulevaient l’inquiétude des propriétaires du lotissement voisin de la Villa Draveil, créé vers 1870-1880, qui avaient été rudement touchés par les inondations de janvier 1910 et qui craignaient l’extension des sablières dans leur environnement immédiat.
2 - La Grande Guerre A la veille de la guerre de 1914, la Compagnie des Sablières de la Seine est en pleine expansion, sous la direction conjointe du président Paul Piketty et de l’administrateur délégué M. Berthier. Le bénéfice annuel a triplé, passant à 900.000 francs. La Compagnie réalise des investissements importants dans le but de moderniser son matériel et de constituer des réserves foncières, garantissant son activité future. Le président Paul Piketty est mobilisé et passera toute la durée de la guerre au front. L’intérim de la présidence est assuré par M. Leneru mais, en fait, c’est M. Berthier qui assure très directement le fonctionnement de la compagnie. Il doit faire face à la diminution des activités de construction et à la réquisition des bateaux de transport de la Compagnie. Le bénéfice chute fortement mais la compagnie ne se trouvera jamais en situation de déficit. La compagnie recherche des activités de complément : ainsi, elle signe avec l’administration des Armées un contrat d’enlèvement de 10.000 m3 de fumier en provenance des parcs de cavalerie du camp retranché de Paris et elle fera de l’épandage dans la région de Grigny. En 1919, au retour du président Paul Piketty, la situation est tendue car M. Berthier n’entend pas lâcher les rênes et se trouve en conflit ouvert avec les héritiers de Mme Charles Piketty. En effet, madame Piketty louait, suivant l’accord de 1906, des terrains situés à Vigneux à la C.S.S. mais M. Berthier avait refusé de renouveler les baux. Au décès de madame Piketty, ses héritiers attaquent en justice la C.S.S. pour rupture de contrat. Paul Piketty fait retomber toute la responsabilité de l’affaire sur Berthier « dont, de tout temps, la ligne de conduite a été de diviser pour régner dans les sociétés qui l’ont employé quelque fût leur dénomination », écrit-il, mais il se trouve dans une position inconfortable entre les intérêts de la C.S.S. qu’il soutient et ceux de ses petits-neveux. Il démissionne de sa fonction de président en décembre 1919 et est remplacé par Louis Leneru. |
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